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Il était une fois un receveur des Postes

Avec ce livre, Claudette Sérès, invite à découvrir la vie de Serge Bégué qui a officié à la Poste de Mézières-en-Brenne entre 1980 et 1986. Une étape significative d’une existence professionnelle et humaine exemplaire.

« Mézières a été la commune où il s’est senti le mieux, m’avait confié Serge Bégué », rapporte Claudette Sérès.

Le chapitre consacré à son activité dans ce village, au cœur de la Brenne montre à quel point, grâce à son sens aigu du contact, il a su se faire adopter par les habitants.

Les pages fourmillent d’anecdotes éclairant l’immersion réussie de Serge Bégué et de sa famille. Ainsi, il prenait plaisir à une balade quotidienne, qu’il agrémentait de pauses dans l’un des bars du bourg. Autour d’un café, il donnait des renseignements sur les placements financiers et autres produits postaux, gagnant la confiance de ses interlocuteurs. De son côté, son épouse mettait un point d’honneur à s’approvisionner dans les commerces du village.

Sur le plan professionnel, il mariait l’art de concilier rigueur et valeurs humaines. L’exemple qui suit l’illustre à merveille.

Les challenges commerciaux étaient à leurs balbutiements, et des sommes commençaient à être allouées à chaque bureau en fonction des résultats. Au lieu d’individualiser les primes comme il était suggéré, Serge Bégué a proposé de consacrer la somme attribuée à Mézières, à l’organisation d’un repas pris en commun pour que tout le monde en profite. Le personnel opta pour un méchoui. « Ce qui allait immanquablement souder l’équipe et non la diviser », conclut l’autrice.

Conséquence logique, Serge Bégué tissa de forts liens affectifs avec le personnel. « C’était une belle personne. Il savait être à l’écoute des gens », se souvient Micheline Jambier, guichetière au bureau de Mézières. « Nous assurions des covoiturages avec nos enfants respectifs », ajoute son mari, Michel. Preuve que les relations dépassaient le cadre postal.

Avis confirmé par Gilles Meneghin, également agent au guichet. Il témoigne de la conscience professionnelle du receveur. « Il était présent dans le bureau, dès 6h30 le matin pour passer le courrier, sortir les taxes et annuler les timbres non oblitérés. Et jusqu’au départ du courrier le soir, à 18h30. De plus, il n’hésitait pas à nous informer de nos droits. Il a fait obtenir à quatre femmes de facteurs des trimestres de retraite, pour avoir élevé leurs enfants. À un facteur, dont une fille était trisomique, l’allocation pour handicapé. Il a fait l’unanimité grâce à sa gentillesse, ses compétences et son charisme.»

La famille Bégué devant le bureau de Rimont, été 1969

Lors de la réception organisée à l’occasion de son départ, le 19 juin 1986, Jean-Louis Camus, maire de Mézières, traduisait ce sentiment partagé.

« Être adopté par une population, c’est savoir vivre avec elle en apportant l’amitié et la discrétion efficace que nous vous connaissons tous. (…) Le club de foot perd un dirigeant, la section de tennis perd un président chevronné. Là aussi vous serez regretté et je dois dire que, personnellement, je quitte un partenaire très sympathique. Nous avons en effet passé quelques heures à croiser la balle et à suer sur les cours. Je n’oublierai jamais votre amitié et votre courtoisie. »

Bienveillance et sérieux dans le travail. Deux qualités qui caractérisent toute une carrière débutée le 26 avril 1954, au bureau de Paris 14, où il acquit très rapidement des compétences et la confiance de ses supérieurs. « Au point d’en faire un très jeune caissier. Poste par nature confié à des agents expérimentés », rappelle Claudette Sérès. « Il était une fois un receveur des Postes », retrace ce parcours dominé par la soif de savoir, de maîtriser les règlements, de s’adapter aux évolutions.

Le portrait de ce postier casse ainsi, l’image éculée du fonctionnaire dénué d’enthousiasme, et son célèbre : PTT : Petit Travail Tranquille. Page après page, il révèle les efforts et parfois les sacrifices consentis. La progression hiérarchique imposait des déménagements fréquents. Il a fallu, bon an mal an, que la famille suive le mouvement, de Paris en Ariège puis dans le Gers en passant par l’Indre pour finir en Haute-Garonne.

Des changements parfois douloureux pour les enfants, contraints de quitter copines et copains, de retisser des liens pour les rompre de nouveau quelques années plus tard.

Revers d’une belle médaille qui valide une grande capacité d’adaptation et d’insertion dans les différents villages.

Le bureau de Poste de Mézières a laissé place à une agence communale

La vie de Serge Bégué illustre la place qu’occupait le receveur des Postes dans ces petites communes. Représentant d’un service public au cœur de la population, connu et reconnu, soucieux d’assurer des prestations de qualité pour tous les usagers.

Un rayonnement postal qui se ternit au fil du temps. Claudette Sérès en apporte la preuve. Elle donne, dans la dernière partie, des informations sur une évolution des bureaux dirigés par Serge Bégué qui se traduit par des fermetures et transformations en agence communale. De quoi justifier le regard désenchanter qu’elle porte sur la Poste du 21e siècle.

Elle-même cadre de la Poste, Claudette Sérès a rencontré Serge Bégué et s’est liée d’amitié depuis l’époque où il prit ses fonctions à Saint-Lys, en Haute-Garonne. Elle lui consacra un portrait dans le journal de l’entreprise, « Jourpost 31 ». Le temps faisant son œuvre, l’idée lui est venue de raconter sa vie. Bien lui en a pris. Son ouvrage donne à connaître au travers de l’existence d’un homme attachant, aujourd’hui décédé,  un métier, une époque, et une certaine façon de vivre.

Le livre est disponible à la librairie Cœur de Brenne à Mézières

« Il était une fois un receveur des Postes » Éditions Capi « Le Herrot » : 20 €

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