Samedi 15 juin à 16h, au cinéma de Tournon Saint-Martin, « Luxe Communal Duo » présentera son concert-histoire sur la Commune de Paris de 1871. Caroline, accompagnée au clavier, par Sylvain, interprétera des chansons en mémoire des communards. « Le but est de faire revivre les moments forts de cet événement historique. Nous avons réalisé ce spectacle à partir de textes d’auteurs impliqués dans ce combat. Comme celui de Jules Vallès « 28 mai » qui narre sa dernière journée passée sur les barricades. Mais aussi de personnes moins connues. », explique Caroline. Au total treize chansons, écrites et composées pour ce tour de chant, des textes dits et des commentaires historiques. Un hommage vibrant pour toutes ces personnes qui se sont battues contre l’oppression, pour les libertés, la démocratie, les conquêtes sociales. Une volonté aussi de mettre à l’honneur, les femmes qui ont tenu les premiers rôles. Louise Michel, bien sûr, mais également André Léo et bien d’autres. Les textes sont graves, lourds de sens, imprégnés de destins poignants, de la souffrance des gens du peuple, de la férocité de la répression. Ils portent cependant l’enthousiasme des idéaux défendus par les communards. L’œuvre musicale donne à cette évocation une dimension émotionnelle, poétique et parfois humoristique qui rend l’ensemble à la fois captivant et séduisant. La mémoire commune est ainsi entretenue par la création artistique. Un sujet au cœur même du combat de 1871. Le nom de « Luxe Communal » porté par le duo, est une expression écrite par Eugène Pottier. Elle synthétise les principes de la Commune de Paris qui, sous la houlette de Gustave Courbet revendiquait un art dégagé de la tutelle de l’État, rapproché du peuple jusque dans les plus petits villages et bien commun de l’Humanité.
L’ambition était immense. Malgré une sous-estimation de ce combat, dans les programmes éducatifs, l’utopie des communards a traversé le temps. Né dans le quartier de Ménilmontant, au cœur du 19ème arrondissement de Paris, haut-lieu de l’effervescence révolutionnaire, Sylvain se souvient en 1971, de la célébration du centenaire de la Commune. Il a onze ans. Il découvre Jean Ferrat, l’auteur d’une célèbre chanson hommage, et le monde ouvrier, un peu plus tard, lorsqu’il s’installe à Stains, en banlieue parisienne. Sa formation technique, (il quittera ses études, un BTS électro-technique en poche), ne l’éloigne pas de son intérêt pour les grands mouvements sociaux.
Déjà, élève de seconde dans un établissement catholique de Saint-Denis, il propose à son professeur d’histoire de présenter un exposé sur la Commune de Paris et un autre sur le Front Populaire.
Pour Sylvain, l’action collective ne se conjugue pas qu’au passé. Une fois plongé dans le monde du travail, il s’implique dans la création d’un syndicat de cadres et techniciens (UGICT CGT). Son parcours professionnel est jalonné de plusieurs formations le conduisant notamment chez Framatom, puis dans l’enseignement.
En 1993, son retour en famille dans son Belleville natal, lui fournit l’occasion de s’investir dans une association de parents d’élèves. Il devient membre du bureau de la FCPE du 11ème arrondissement de Paris. Il rejoint par la suite le Mouvement des Citoyens de Jean-Pierre Chevènement. Des problèmes de santé le conduisirent professionnellement, à se tourner vers un autre secteur d’activité. Il engage une reconversion dans la calligraphie. Il apprend à maîtriser cet art de la belle écriture, comme on ajoute une corde à un arc déjà bien fourni. Car Sylvain nourrit également pour la musique, une passion de jeunesse. Il apprivoise cet instrument si exigeant qu’est la flûte traversière, au conservatoire de musique de Stains. C’est durant ces années de Lycée qu’il commence à s’intéresser au jazz et découvre Claude Nougaro. Il reprend sa flûte pour faire un peu de folk avec des copains, puis achète un orgue électronique. Pour le clavier il est entièrement autodidacte, hormis quelques conseils prodigués par un ami, pianiste de bar à Montmartre. Il lui fait découvrir l’harmonie jazz, les gammes et l’initie aux techniques d’improvisation. « C’est en reprenant quelques cours de flute dans une école de musique du XIe arrondissement que j’ai rencontré Caroline qui prenait, à domicile, des cours de piano avec une professeure de cette école. Avec une partenaire violoncelliste nous avons répété et joué un trio de Haydn. C’est donc autour de la musique que nous nous sommes rencontrés .Par la suite j’ai découvert que Caroline était chanteuse : reprendre le clavier pour l’accompagner était un impératif. »
Caroline est Originaire de la Vienne. C’est à 18 ans qu’elle prend conscience de toute la force du mouvement des communards en visitant à Paris, une exposition qui lui était consacrée. Caroline est une littéraire. Classe de prépa pour Khâgne et Hypokhâgne, CAPES. Elle enseigne le Français à Noisy-le-Grand et Villepinte.
En classe, elle cultive, avec ses élèves, le goût pour le théâtre. « Cela n’a pas été toujours facile, mais la plupart du temps, ça marche », confie-t-elle. En vingt ans d’enseignement, elle monte seize pièces. Démontrant ainsi que les pratiques culturelles sont possibles partout et qu’elles peuvent être variées. En effet Caroline est aussi attirée par le chant lyrique. « Dès l’adolescence j’ai été séduite par l’opéra. J’adore les œuvres de Verdi, Puccini, Mozart, notamment. Les belles voix comme celles de Placido Domingo ou Nathalie Dessay me font vibrer. » Durant les vacances, elle s’inscrit dans plusieurs stages et suit des cours avec différents professeurs. Elle se souvient surtout de Luciano Rota qui constitue pour elle, une référence dans ce domaine et l’aidera à progresser dans cette discipline.
Son goût pour la chanson vient bien plus tard. Elle découvre les Anne Sylvestre, Barbara, Nougaro et compagnie, grâce à Sylvain.
La musique, le chant, la parole, l’écrit, le jeu, l’éveil, la transmission du savoir peuvent s’exercer de bien des manières. Le chemin de Caroline le prouve, puisqu’elle quitte l’enseignement pour s’engager dans un autre lieu de culture. Les bibliothèques. D’abord bénévole, elle se forme au métier de bibliothécaire, dans la Vienne. À partir de 2020, elle exerce cette fonction, en CDD, dans les médiathèques de Châtellerault.
Elle est ensuite recrutée en CDI, à temps partiel, à Mézières-en-Brenne, puis à Azay-le-Ferron.
Là, elle développe ses capacités à organiser de multiples événements. Spectacles, expositions, ateliers divers, stages de danse, d’écriture. Elle donne, comme ses collègues, toute sa signification à la fonction d’animation des médiathèques pour la vie culturelle et sociale des villages.
Sens du partage, fibre sociale, goût pour la découverte, écoute de l’autre, Caroline et Sylvain étaient faits pour s’accorder. Ils avaient dans les mains, le cœur et la tête tous les ingrédients pour concevoir un projet mettant en musique aspirations, sensibilité politique et savoir-faire.
Le sujet allait de soi. Ce sera l’histoire de la Commune de Paris qui ne les avait pas quitté. 2021 et la célébration du 150e anniversaire les reconnecte à l’association des amies et amis de la Commune. « Il y a deux ans nous avons décidé de prendre en charge la partie festive d’un colloque organisé à Issoudun et Bourges. C’est à partir de là que nous avons pensé faire des créations musicales sur le thème de la Commune », précise Sylvain. En 2023, Luxe Communal Duo est créé et met au monde, leur Concert-Histoire.
Caroline et Sylvain présenteront leur spectacle le samedi 29 juin à 18h, Bar de l’Espérance, 2 rue Bourbon, à Chatellerault, le dimanche 7 juillet à 16h, salle de la Mairie à Villabon, le lundi 12 août à 16h, salle des fêtes de Cuzion, le samedi 28 septembre, rue des diamants à Paris 13e .
Sans hésiter, allez écouter le Luxe communal duo ! Pour se replonger dans cette période de l’Histoire si peu enseignée mais si en avance sur son temps …