Les colombiers de Brenne et de ses abords. Tel était le thème de la conférence organisé par l’Association Culturelle Macérienne, vendredi 20 octobre à la salle des fêtes de Mézières-en-Brenne, présenté par Patrick Grosjean, président de l’Association des amis du Blanc et de sa région.
Au cœur du village de Mézières-en-Brenne, face à la Mairie, s’élève une tour, rare vestige du château. Parmi les passants qui prêtent attention à cet édifice, bien peu sans doute, imaginent qu’il fut aménagé en pigeonnier. Aujourd’hui passer de mode, ce type de construction est devenu marginal et peu accessible, car conservé pour l’essentiel dans des propriétés privées. Pourtant les pigeonniers ou colombiers ( deux termes synonymes) ont connu leurs heures de gloires, pour l’essentiel entre le 15e et 17e siècle. Environ 42000 ont été construits sous l’ancien régime.
« Tous les seigneurs en voulaient », a expliqué Patrick Grosjean. À cette expansion quasi-frénétique, plusieurs raisons. L’aspect alimentaire était non négligeable. La viande de pigeonneaux, présentait un attrait, grâce à sa finesse. Les colombiers permettaient également de récupérer un engrais recherché. La fiente de pigeon est reconnue pour sa qualité. La possession de pigeonniers constituait par ailleurs, un marqueur social. Elle indiquait le niveau de fortune de la grande bourgeoisie naissante. Les nouveaux riches de l’époque. Réservés à une certaine caste de la société, ce n’est pas un hasard si leur développement connut une interruption brutale le 4 août 1789, avec l’abolition des privilèges.
Plus tard, à partir du 18e siècle, l’élevage de pigeons voyageurs a été mis en valeur pour un usage militaire.
Si l’engouement pour ces volatiles fut général, l’implantation des pigeonniers est remarquable en particulier dans le sud. Périgord, Quercy, Languedoc notamment.
« Il en existe aussi dans d’autres régions. En Normandie, en Touraine et dans le Poitou » a précisé le conférencier. « Le cœur de la Brenne n’est pas le lieu où ces édifices ont été bâtis en grand nombre », a-t-il poursuivi.
La raison tient à la nature du terrain de la région aux mille étangs, peu propice aux cultures indispensables à l’élevage des pigeons. Les pigeonniers sont plus fréquents, sur le sol des contrées limitrophes du Poitou et de la Touraine.
« L’existence plus marquée de colombiers aux abords de la Brenne, explique d’ailleurs le titre de cette conférence », a souligné Patrick Grosjean.
Quel que soit le territoire, les types de pigeonniers présentent des caractères communs et des différences. Variétés et similitudes pour lesquelles le conférencier a consacré une partie de son exposé. Les boulins (cavités dans lesquelles se logent les pigeons), sont toujours creusés dans les murs, alignés par rangées régulières.
« Il existe deux dispositions, note Patrick Grosjean. Des pigeonniers dits de pied. Les boulins sont positionnés à partir du sol. Et ceux dits d’étages. Les premières lignes se trouvant plus en hauteur. »
Au cours de son propos, le président de l’association des amis du Blanc, lui-même propriétaire d’un colombier, a expliqué les conditions d’exploitation et les diverses techniques pratiquées.
Si l’aménagement intérieur est très ressemblant, la forme des édifices varie. Elles sont souvent cylindriques ou carrées, parfois polygonales. De même les matériaux employés sont, selon les cas, en briques, en grès ou en ardoise.
Diaporama à l’appui, l’assistance a pu mesurer la qualité esthétique de ces architectures, au-delà de leur aspect purement utilitaire.
Certaines constructions, parmi les plus anciennes, sont encore accessibles aujourd’hui. Patrick Grosjean en a présenté quelques-unes.
Celles, du prieuré de Puychevier à Mérigny datant du 15e siècle, des vieux Cottets à Saint-Pierre de Maillé, de l’hôtel Châtillon de Villemorand, au Blanc.
Elles témoignent toutes, des modes de vie, de la consommation et de l’organisation de la société qui marquèrent une époque significative de l’histoire de notre pays.