La sélection des livres, proposée par le club de lecture de Mézières-en-Brenne,pour le mois d’octobre, fait la part belle aux histoires relatant des existences à priori banales. Le quotidien d’un mécano, la vie à la campagne, l’histoire de ces maçons originaires de la Creuse. D’autres ouvrages relatent des destinées qui basculent dans l’extra-ordinaire. Tel le parcours d’un enfant, futur ambassadeur, de cette fille de milieu modeste, adoubée par un grand philosophe ou bien celui d’un célèbre Général dont la vie est associée aux bouleversements du monde du siècle dernier. Ce monde où les inégalités demeurent et nous laissent entrevoir des lendemains dangereux, a fait l’objet de deux bouquins présentés lors de la réunion. Un vaste choix qui permet selon les goûts de chacun, d’y trouver son bonheur.
La jeune fille et le philosophe.
Frédéric Lenormand.
« Une rencontre traitée sur un ton léger. Elle donne l’occasion au lecteur de côtoyer un Voltaire truculent » explique Philippe
Fontenelle, neveu de Corneille, va mourir. Dans une famille pratiquement illettrée, on trouve une héritière en la personne de Marie Corneille. De coïncidences en enchaînements, la jeune fille est accueillie à Ferney, où le philosophe le plus prisé de son siècle se fait un honneur d’en faire la jeune fille idéale selon ses confrères. Lorsque le vieux Voltaire, malicieux et excentrique à l’image des héros de ses contes, se trouve confronté à un esprit qu’il a libéré, rien ne va plus. Satirique, la plume de Frédéric Lenormand sait aussi se montrer affectueuse dans ce roman bâti sur une histoire vraie. Une lecture piquante et savoureuse, à la hauteur du grand esprit cabotin qu’il met en scène.
En 1760, Marie, arrière-petite-nièce de Corneille est accueillie à Ferney par Voltaire, au sommet de sa verve et de sa gloire. Le philosophe, vieillard hypocondriaque, bouillonnant et gesticulant, décide de faire de l’adolescente, la jeune fille « idéale ». Il lui enseigne donc l’orthographe, la grammaire, l’art de la lilote et du raisonnement. Oui, mais voilà ! la belle n’est pas sotte, lit Rousseau – l’ennemi juré de Voltaire – en cachette et n’en fait qu’a sa tête.
2001. Editeur : Fayard. 366 pages.
Mattia Filice.
« C’est une plongée dans l’univers des conducteurs de train.Les mécanos selon le terme professionnel. L’écriture de Mattia Filice apporte une dimension poétique surprenante »
« J’ai, d’une certaine manière, tenté de dresser le portrait d’un héros d’une mythologie qu’il nous reste encore à écrire », explique l’auteur de ce premier roman, rédigé à la fois en prose et en vers. Le narrateur pénètre, presque par hasard, dans un monde qu’il méconnaît, le monde ferroviaire. Nous le suivons dans un véritable parcours initiatique : une formation pour devenir « mécano », conducteur de train. Il fait la découverte du train progressivement, de l’intérieur, dans les entrailles de la machine jusqu’à la tête, la cabine de pilotage. C’est un monde technique et poétique, avec ses lois et ses codes, sa langue, ses épreuves et ses prouesses souvent anonymes, ses compagnons et ses traîtres, ses dangers. On roule à deux cents kilomètres à l’heure, avec la peur de commettre une erreur, mais aussi avec un sentiment d’évasion, de légèreté, sous l’emprise de centaines de tonnes.
Le roman de Mattia Filice épouse le rythme et le paysage ferroviaires, transmute l’univers industriel du train, des machines et des gares en prouesse romanesque, dans une écriture détournée, qui emprunte autant à la langue technique qu’à la poésie épique. Mais c’est aussi un apprentissage social, la découverte du monde du travail, et parfois la rencontre de vies brisées.
Un étonnant roman de formation, intime et collectif, où les plans de chemin de fer, les faisceaux des voies, décident de nos mouvements comme de nos destins, où se distinguent et se croisent vers et prose.
Premier roman. 2023. Editeur POL 356 pages.
Aurélie Valognes.
Pour Jean, « Né sous une bonne étoile et Mémé dans les orties, c’est passionnant. Des histoires qui racontent la vie normale de gens normaux. Des choses qui peuvent arriver à n’importe qui. C’est très bien écrit. »
A l’école, il y a les bons élèves modèles… et il y a Gustave.
Depuis son radiateur au fond de la salle, cet éternel rêveur scrute avec curiosité les oiseaux dans la cour ou les aiguilles de la pendule qui prennent un malin plaisir à ralentir chaque jour. Il aimerait rapporter des notes presque parfaites à sa mère, mais ce sont surtout les convocations du directeur qu’il collectionne pendant les cours. Pourtant, Gustave travaille avec acharnement durant tous les soirs. II passe plus de temps sur ses devoirs que la plupart de ses camarades, mais contrairement à Joséphine, sa grande sœur pimbêche et première de classe, cela ne rentre pas dans l’ordre. Pire, certains professeurs commencent à le prendre en grippe et à le croire fainéant.
Parfois, il suffit d’un rien pour qu’une vie bascule du bon côté… Un roman universel, vibrant d’humour croustillant et d’émotion constante.
Roman. 2020. Editeur : Livre de poche. 327 pages. Livre de la Médiathèque de la Brenne.
Aurélie Valognes.
Ferdinand Brun, 83 ans, solitaire, bougon, acariâtre – certains diraient : seul, aigri, méchant -, s’ennuie à ne pas mourir. Son unique passe-temps ? Éviter une armada de voisines aux cheveux couleur pêche, lavande ou abricot. Son plus grand plaisir ? Rendre chèvre la concierge, Mme Suarez, qui joue les petits chefs dans la résidence. Mais lorsque sa chienne prend la poudre d’escampette, le vieil homme perd définitivement goût à la vie… jusqu’au jour où une fillette précoce et une mamie geek de 92 ans forcent littéralement sa porte, et son cœur. Un livre drôle et rafraîchissant, bon pour le moral, et une véritable cure de bonne humeur !
Roman. 2016. Editeur : Michel Lafon. 281 pages. Livre de la Médiathèque de Tournon Saint Martin.
Jean Garrigues.
« C’est un livre court mais complet, sur la vie de de Gaulle. J’y ai appris beaucoup de choses intéressantes » a commenté Gilles.
Pourquoi le général de Gaulle est-il le héros des Français.
Pendant trente ans, de son appel du 18 juin 1940 à sa mort en 1970, le général de Gaulle a imprimé sa marque sur l’histoire de la France et sur l’histoire du monde, l’installant aux côtés des Churchill, Roosevelt, Staline ou Mao Zedong, parmi les Grands du XXe siècle. Par deux fois sauveur des Français, père fondateur de la Cinquième République, il a profondément marqué les générations qui l’ont connu, celles qui ont traversé les deux guerres mondiales et la décolonisation. Mais il fait aussi référence aujourd’hui, depuis qu’il est devenu le modèle incontesté de l’homme d’État, une sorte d’icône de la vie politique française, un symbole de courage, de fermeté, d’autorité, d’honnêteté et de grandeur. Raconter l’histoire du général de Gaulle, c’est donc raconter l’histoire du XXe siècle, mais c’est aussi plonger dans les eaux les plus profondes de notre inconscient collectif et de nos mythologies politiques, dans ce tempérament bonapartiste dont il fut l’expression la plus noble et qui nous pousse irrésistiblement vers l’héroïsme de nos hommes providentiels.
La Procure.
Histoire. 2020. Editeur : Dunod.
281 pages. Livre de la Médiathèque de Mézières.
Un clafoutis aux tomates cerises.
Véronique de Bure.
D’après Isabelle, « c’est sans prétention. C’est écrit simplement,mais passionnant par la description du quotidien, de la vie de tous les jours à la campagne »
« A nos âges, nous sommes comme de vieux arbres. Le beau temps nous ranime doucement, nous reverdissons un peu, même si un peu moins chaque année. Et la douceur des jours nous donne une illusion d’éternité ». Au soir de sa vie, Jeanne, quatre-vingt-dix ans, décide d’écrire son journal intime. Sur une année, du premier jour du printemps au dernier jour de l’hiver, d’événements minuscules en réflexions désopilantes, elle consigne ses humeurs, ses souvenirs, sa petite vie de Parisienne exilée depuis plus de soixante ans dans l’Allier, dans sa maison posée au milieu des prés, des bois et des vaches. Un clafoutis aux tomates cerise, le plus joli roman sur le grand âge qui soit, traite sans fard du temps qui passe et dresse le portrait d’une femme qui nous donne envie de vieillir.
Coup de coeur. 2018. Editeur : Flammarion.. 384 pages.
Ken Follett.
« Ce livre d’anticipation alerte sur les dangers qui nous guettent, a montré Chantal, entremêlés de romances pour alléger l’histoire. Il fait réfléchir. C’est un peu long,les relations personnelles peu crédibles. Ça m’a quand même bien plu »
Thriller d’espionnage, de politique fiction imaginé par Ken Follett suite aux recherches qu’il a faites pour l’écriture de sa trilogie » Le Siècle « . En effet, il a découvert que les dirigeants qui ont participé à la 1ère guerre mondiale avaient avoué s’être laissé entraîner dans un engrenage qui ne pouvait déboucher que sur une guerre.
Fort de ce constat, il a bâti ce roman d’anticipation qui débouche sur une probable 3ème guerre mondiale nucléaire.
Trois thèmes principaux, très actuels, sont développés :
– la lutte contre le terrorisme islamique au Sahel
– la difficulté de gouverner pour la 1ère femme présidente des États Unis
– la montée en puissance de la Chine et le rôle de ses espions.
Il met en scène une multitude de personnages, dont les destins vont se croiser (la présidente des États Unis, 1 agent de renseignement coréen, une migrante tchadienne, des agents de la CIA, un ministre chinois).
C’est une fiction qui alerte sur les dangers qui nous entourent. Il décrit l’escalade vers une inéluctable guerre nucléaire.
Pour donner un peu de légèreté à cette sinistre fiction, il y insére plusieurs romances. Mais elles sont peu réalistes avec des personnages caricaturaux.
En conclusion, un roman qui fait réfléchir sur le pouvoir des dirigeants de ce monde, sur tous les dangers actuels, mais c’est un peu long et parfois pas vraiment crédible.
Roman. 2023. Editeur : Livre de poche. 18 pages. Livre à la BDI, sorti :Villedieu, Niherne.
Patricia Macdonald.
Tess a 9 ans lorsque sa sœur aînée Phoebe est enlevée, violée et étranglée. Sur son témoignage, le coupable est immédiatement arrêté, jugé, puis exécuté. Vingt ans plus tard, un test révèle que son ADN n’est pas celui retrouvé sur Phoebe. Traumatisée à l’idée d’avoir pu faire condamner un innocent, Tess décide de faire toute la lumière sur cette affaire. Au risque de revivre le cauchemar qui a bouleversé sa vie et passer pour le suspect principal du meurtre de sa sœur…
Patricia Mac Donald déploie tout son talent pour distiller doute et ambiguïté, au fil d’un suspense psychologique oppressant, hanté par les drames et les secrets de famille
Roman. 2023. Editeur : Livre de poche. 18 pages. Livre à la BDI, sorti :Villedieu, Niherne.
Tatiana de Rosnay.
« Un bon suspens psychologique sur fond de vengeance » a estimé Martine
Justine mène une petite vie tranquille entre son mari, ses deux enfants et son boulot de traductrice free-lance. Mais un mercredi après-midi, tout bascule. Un chauffard renverse son fils en plein Paris, et prend la fuite, à bord d’une berline couleur moka. Malcolm sombre dans le coma, l’enquête piétine… Seule contre tous – ou presque, Justine veut découvrir la vérité. Jusqu’au bout. Et à n’importe quel prix.
Roman. 2009. Editeur : Livre de poche. 281 pages.
Fin de monde et petits fours.
Edouard Morena.
Pour Martine, « cet ouvrage est très intéressant, mais pas toujours facile à lire »
À l’heure de l’urgence climatique, les ultra-riches ont mauvaise presse. Des trajets Paris-Londres en jets privés de Bernard Arnault au tourisme spatial de Jeff Bezos, les modes de vie carbonifères des élites économiques sont de plus en plus pointés du doigt. Les actions symboliques, les rapports et les articles de presse se multiplient pour dénoncer leur escapisme. À l’image de ces milliardaires qui, en pleine crise Covid, envoyaient des selfies depuis leurs ranchs en Patagonie ou leurs îles privées aux Caraïbes, les ultra-riches sont accusés de fuir leurs responsabilités.
Or, loin d’être des observateurs passifs et détachés ou des preppers haut de gamme, les élites économiques sont des acteurs clés du débat climatique international. Elles sont les promoteurs acharnés du capitalisme vert, un projet politique taillé sur mesure et qui garantit leurs intérêts de classe dans un monde en surchauffe.
Ce livre est le premier à en exposer non pas uniquement les mots d’ordre (qui sont déjà assez connus), mais les ressorts, et en particulier les réseaux d’acteurs (ONG, fondations, think-tanks, cabinets de conseil et autres lobbyistes) qui, au cours des vingt dernières années, ont imposé le capitalisme vert – et les élites qui le soutiennent – comme unique issue « réaliste » face à la crise climatique en cours.
Essai. 2023. Editeur : La Découverte. 156 pages.
Le voyageur des Bois d’en haut.
Jean-Guy Soumy.
« Un beau roman, a expliqué Bernadette, bien écrit qui traite de la situation des maçons de la Creuse »
Dans Le Voyageur des bois d’en-haut, Jean-Guy Soumy s’intéresse aux « Maçons de la Creuse » du 19e siècle. Le personnage principal est l’un d’eux. Un adolescent de 16 ans, Camille, qui fait preuve d’une incroyable maturité pour suivre les traces de son père disparu.
C’est une émigration saisonnière qui a marqué de nombreuses générations de Limousins. Celle des « maçons de la Creuse », qui s’est étalée tout au long des 19e et 20e siècles. Dès la fin de l’hiver, des hommes quittaient le Limousin pour rejoindre à pied les grandes villes de France. Ils y travaillaient en tant que maçon, tailleur de pierre ou encore couvreur jusqu’au début de l’hiver suivant.
Jean-Guy Soumy s’est penché sur ce phénomène migratoire. Son dernier livre, Le Voyageur des bois d’en-haut, plonge le lecteur dans les années 1860. Les lieux fréquentés, les habitudes de ces populations y sont décrites avec précision. Des détails rendent le roman très informatif.
Le Populaire du Centre.
Roman historique. 2019. Editeur : Presses de la cité. 304 pages. Livre de la BDI, large vision, présent à la Médiathèque de Mézières.
Guy Georgy.
« Un très beau livre qui retrace le parcours exceptionnel d’un enfant très éveillé », a commenté Michel.
Une chaumière de cinq mètres de côté.Trois tirants en fer pour éviter l’effondrement. C’était la demeure de ma grand-mère et grand-père. Quelques arpents de terre, en élevant un cochon annuel, une dizaine de brebis et quelques volailles. Une cave, un minuscule grenier. La maison dominait la vallée de la Dordogne…
Ma grand-mère était dépositaire d’un savoir botanique stupéfiant pour une personne qui ne savait ni lire, ni écrire ni parler français.
Elle faisait , de préférence, ses moissons de simples au début de l’été : La douce-amère, souveraine pour les anémiques, la chicorée sauvage qui décongestionne le foie, le bouillon blanc qui s’emploie contre l’albumine, le millepertuis est un cicatrisant efficace, la verveine sauvage dissipe les oedèmes., la mercuriale sert habituellement à purger, l’armoise violette, la sabine, la rue et le persil sont des abortifs puissants…
le mois d’avril arriva comme une giboulée et l’on me conduisit enfin à l’école. J’avais une bonne année de retard sur mes condisciples. L’instituteur s’attaqua tout de suite au problème du français. Il était de la région et parlait bien le patois. Il pouvait donc m’enseigner sans peine. Je savais déjà, grâce aux leçons de ma tante quelques lettres de l’alphabet.
A la fin du mois de juin, je lisais l’alphabet, je savais compter jusqu’à mille…
Si je me suis attardé sur mes souvenirs d’enfant de choeur, c’est parce qu’ils ont contribué grandement à ma formation et à l’éveil de ma sensibilité. Pour un enfant privé de tendresse maternelle et d’autorité paternelle, condamné par la pauvreté, l’église était une porte ouverte sur la vie sociale, un observatoire privilégié pour la connaissance de l’homme. Je remercie l’abbé Arnouil de m’avoir confié toutes ces tâches…
Je dois, à la mémoire d’Abel Maradème, maître de l’enseignement du premier degré, la base de mon savoir, mon attachement indéfectible à la république, mon affection pour les classes laborieuses et le monde rural et le culte des vertus humaines…
1993. Témoignage. Editeur : J’ai lu. 316 pages. Livre à la Maison Médicale.
Les résumés sont extraits du site Babélio