Samedi 14 octobre, début de soirée au Grand Aslon à Lingé. Des tracteurs rentrent juste avant l’arrivée de la nuit. Deux granges au fond d’un court chemin. Nous sommes une trentaine. Beaucoup se connaissent.
Armelle nous accueille chaleureusement. Les musiciens tournicotent près de la grange «spectacle», peut-être pour humer l’esprit de leur prestation à venir sous peu. Un brasero réchauffe l’air devenu frisquet. Une grosse gamelle posée par terre attend une flamme.
Nous rentrons dans cet endroit improbable et somme toute très cosy avec ses chaises, ses gros fauteuils roses, des couvertures pour les frileux. Une pièce de tissu marron, tendue à l’angle d’un mur matérialise une minuscule scène sur laquelle micro et sono espèrent donner de la voix. Quatre guitares sont posées sur leurs supports.
L’histoire de Blanche-Neige, arrangée à la sauce berrichonne, nous est contée par la maîtresse des lieux, accompagnée à l’accordéon par Peppo. Le ton est donné pour cette soirée qui s’annonce intime avec quelques lumières et une belle proximité avec les interprètes.
Yves Champigny et ses acolytes musiciens arrivent pour déclamer et chanter Gaston Couté, ce poète beauceron antimilitariste, anarchiste et libertaire venu à pied un jour à Gargilesse. Victime de l’alcool et de la maladie, il mourra en 1911 à l’âge de 30 ans en laissant une œuvre reprise depuis par de nombreux artistes, de Gérard Pierron à Edith Piaf en passant par Bernard Lavilliers et tant d’autres.
Les spectateurs sont sous le charme de la diction d’Yves qui récite les poèmes, il est vrai pas très gais, en patois : « la tête de mort », « le gâs qu’a mal tourné », « les petits chats », « le Christ en bois », …
Entracte bienvenu avec, dans la seconde grange, de quoi se restaurer : une succulente soupe de légumes … dans la grosse gamelle qui a chauffé entre-temps ; du pain, un bon Pouligny, du vin ; quelques gâteaux confectionnés par les bénévoles … que demander de plus ?
Retour dans l’antre chaleureuse pour écouter « la complainte des ramasseux d’morts », « le fondeur de canons » ou « la Toinon ».
Un moment de grâce simple et authentique qu’il convient d’aller chercher. Pour cette émouvante soirée, un grand merci à Armelle et Peppo.