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Un étrange « N » au cimetière communal

Depuis quelques mois, une plaque carrée avec un N est apposée à droite de l’entrée du cimetière.

Cette lettre, entourée d’une couronne de laurier, symbolise Napoléon 1er. Serait-il venu ou passé à Mézières-en-Brenne lors de l’une de ses nombreuses campagnes à travers l’Europe et au-delà ? Non, bien entendu ! Nous le saurions depuis fort longtemps. Il s’agit simplement de matérialiser la sépulture d’Hyppolite Migné, l’un des deux millions de soldats mobilisés par le petit Caporal pour constituer sa Grande Armée.

Nés le 13 décembre 1789 à Mézières quelques mois après la Révolution, Hyppolite et son frère jumeau Florent sont les fils de Jean-Baptiste – perruquier – et Magdeleine Landon. Bien que ce nom soit d’origine vendéenne, la famille semble installée dans le bourg depuis un temps certain. Conscrit (nouvelle recrue) de l’an 1809, Hyppolite intègre curieusement le 5ème bataillon du 51ème régiment de ligne (infanterie) dès le 30 avril 1808 à l’âge de 18 ans. A cette époque, les énormes besoins en hommes devaient satisfaire les ambitions napoléoniennes. Les préfets enrôlaient donc rapidement pour combler les trous qui se creusaient dans les rangs de l’armée. Son arrivée au Corps voit son prénom et son patronyme modifiés : ils se transforment en Hypolite Minier. L’agent enrôleur ayant probablement retranscrit phonétiquement ce qu’il avait entendu …

Grenadier et voltigeur de Napoléon.

A l’image de Napoléon, toujours pressé, les officiers faisaient évoluer tout aussi promptement les militaires sous leur commandement. C’est ainsi qu’Hyppolite obtint le grade de caporal le 14 août, moins de quatre mois après son incorporation comme fourrier. Venant du mot fourrage, cet emploi consistait à gérer l’intendance des troupes : logement, vivres, gestion des chevaux, …

Nous ignorons si ce Macérien a suivi la seconde campagne en Espagne ou s’il est resté en France pour « défendre l’intérieur » du mot même de l’empereur. Toujours est-il qu’il est réformé en 1810 et regagne son village natal. Au cœur de l’hiver 1816, à 27 ans, il épouse à Saint-Michel-en-Brenne Luce Prudence Canuet dont les parents sont les propriétaires-fermiers de la Bellauderie. Quatre enfants naîtront de cette union : Emile, Cornélie, Clarisse et Alban.

Médaille de Saint-Hélène 1857.

Devenu huissier et vivant plutôt aisément avec trois domestiques à son service, Hyppolite demeure Grande rue, l’actuelle rue du Pont Malientras.

Il sera récipiendaire de la médaille de Sainte-Hélène, créée en 1857 par Napoléon III pour récompenser les 405 000 vétérans survivants ayant combattu auprès de son oncle pendant les guerres 1792-1815. Dédiée aux « compagnons de gloire », elle respecte les dernières volontés du premier empereur (d’où son nom) et deviendra la première médaille commémorative française.

Pierre tombale d’Hyppolite Migné

Cet ancien soldat s’est éteint le 12 mai 1872 à 82 ans. Il est inhumé au cimetière communal.

« À eux la gloire, à nous la mémoire »

L’Association pour la Conservation des Monuments Napoléoniens (ACMN), créée en 1982, est chargée de la protection, de la restauration et de l’entretien des monuments, sépultures et sites liés à l’ère napoléonienne. C’est à ce titre que deux plaques commémoratives ont été scellées : à l’entrée du cimetière et sur la pierre tombale d’Hyppolite Migné, située dans l’une des allées des premiers rangs à gauche. Dans l’Indre, moins de dix endroits sont actuellement répertoriés : Ingrandes, Le Blanc, Nohant-Vic, Saint-Maur et Villegouin.

 

Sources :

Crédit photos : Chantal Kroliczak

Autres visuels : Wikipedia et ACMN

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