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Question de nature

J’ai créé ce blog pour informer les lecteurs des activités réalisées principalement par les habitants de Mézières et des villages environnants. Cette fois-ci, une fois n’est pas coutume je vous propose de découvrir une « nouvelle » de ma composition. Je vous souhaite une bonne lecture.

 

 

Dominique en avait soupé de toute cette histoire et n’avait qu’une hâte, partir le plus vite possible. C’était devenu une obsession. Le genre de souci qui perturbe le sommeil. Cette nuit encore, pas moyen de fermer l’œil. Il a tourné, viré dans toutes les pièces de l’appartement. Et fatalement, un vieux coup de fatigue lui est tombé dessus au milieu de l’après-midi.

Affalé sur le canapé du salon, Dominique dormait profondément. Un claquement de porte le fit sursauter. Il ouvrit les yeux et demeura là. Quelques secondes, immobile. Le regard dans le vague. Puis lascivement, il s’étira de tout son long. Très vite, une pensée vint à son esprit. Toujours la même. « Combien de temps encore vais-je rester ici ? »

Câliné par un doux rayon de soleil de printemps, il ne bougea pas d’un poil. Pour la énième fois, il se remémorait sa vie.

« Je viens d’avoir 15 ans. Déjà. Qu’il me paraît loin le temps de ma tendre jeunesse passée au cœur des Pyrénées, dans la ferme de Fernand et Marie. Ils étaient rudes parfois, mais généreux. Ils m’ont offert leur vie simple de paysans pour me faire oublier les drames de ma naissance. Des parents trop tôt disparus, la séparation de mes frères et sœurs. Alors, j’ai grandi parmi les animaux. Un chien un peu bourru mais pas méchant, des cochons et des chèvres pour compagnons. Et pour terrain de jeux : les prés, les bois et la montagne où je gambadais à ma guise.

La liberté totale quoi !

Sans ce stupide accident de voiture qui me priva pour toujours de Fernand et Marie, je serais sans doute encore là-bas. Mais je ne pouvais pas rester. La ferme fut vendue et un jeune couple s’est occupé de moi. Ils m’ont emmené en ville, loin de mes chères montagnes.

Impossible de m’y faire !

À la première occasion je me suis enfui. J’avais 7 ans. Première fugue, premières courses effrénées et la griserie de la liberté retrouvée. Dès lors je n’ai eu de cesse de m’échapper dès que je le pouvais. Le couple n’a pas supporté. J’étais intenable, ingérable comme il disait. Ils ne comprenaient rien. Je voulais simplement vivre ma vie. Dès lors, les familles d’accueil se sont succédé. Jusqu’à la rencontre de Raymonde et Dédé, voilà un an. Ils sont gentils ces deux-là. Ils me rappellent Fernand et Marie. Ils essaient de me construire une nouvelle vie, de respecter ma vrai nature. Ils me laissent tranquille. Pas du style à être constamment sur mon dos. Mais depuis quelques temps je me sens de nouveau oppressé. Comme partout, j’ai l’impression de vivre dans une prison dorée. J’ai besoin d’air, d’espace. J’étouffe ici. »

Soudain, Dominique se redressa, fixa la fenêtre grande ouverte. D’un bond il se propulsa sur le balcon, puis sur la terrasse de l’étage inférieur. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, il se retrouva dans la cour de l’immeuble. Il tourna la tête une dernière fois vers l’appartement.

« Si les gens croient que je vais accepter une existence pareille. Je ne suis pas comme eux. Il faudrait bien qu’ils le comprennent un jour. Et puis quelle idée de m’appeler Dominique. Ce n’est pas un nom de chat ! »

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