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La pêche en étang, entre tradition et avenir

Cette photographie d'amateur illustre la pêche d'un étang par 3 ou 4 pêcheurs tenant un filet, observés par des badauds.
Des pêcheurs observés. Photo : David Dewitte

Lundi 31 octobre, une visite commentée d’une pêche en étang était organisée par Destination-Brenne et la Fédération Aquacole de la Région Centre (FAReC), en partenariat avec le Syndicat des Exploitants Piscicoles de la Brenne (SEPB). Ce type d’animation, qui se tenait au bord d’un étang proche de Mézières, est proposée d’octobre à décembre sur plusieurs sites. Elle a pour but de faire découvrir une activité traditionnelle et de participer à la valorisation de la filière piscicole.

Ce cliché d'amateur illustre la pêche d'un étang par 3 pêcheurs tenant un filet, qu'un badaud photographie.
Les carpes représentent 50 % des poissons pêchés. Photo David Dewitte

Lorsque le groupe s’approche du bord de l’étang de la Bienaise, des pêcheurs sont déjà à pied d’œuvre. Certains tirent un filet pour rabattre les poissons vers la berge. Ce sont d’abord des grosses carpes qui sont sorties de l’eau. Ensuite gardons, tanches et brochets sont versés dans des bacs pour être triés par d’autres personnes installées un peu plus haut sur le bord de la route. La manipulation consiste à placer chaque espèce dans de grands coffres remplis d’eau oxygénée. Les poissons sont de cette façon transférés vers le domaine du pisciculteur pour être finalement vendus. M. Lebossé pisciculteur, répond aux questions des visiteurs qui vont et viennent entre le bord de l’eau et les tables de tri. Parmi eux, Bérangère Bourdon, fournit également des informations sur cette pêche. « Si le matériel a évolué, la technique traditionnelle demeure. Elle correspond à un véritable savoir-faire artisanal » explique-t-elle. Bérangère représente la FARec, une association dont le but est de contribuer au développement des activités piscicoles et aquacoles en région Centre-Val-de-Loire. La raison se trouve dans la part que représente la région dans l’ensemble de la filière pisciculture française. L’une des plus grandes zones du territoire. Ce sont près de 1200 tonnes de poissons produits chaque année dans les étangs de la région. La Brenne en constituant la part la plus importante. Avec 8300 ha d’eau et plus de 3000 étangs, elle est la deuxième zone piscicole de France derrière les Dombes, (dans le département de l’Ain).

La photographie représente des piles de boîtes de conserve de rillettes et terrines de poisson, sur une étagère.
Poissons transformés en rillettes, terrines, etc.

300 propriétaires et 10 pisciculteurs produisent 800 tonnes de poisson. 75 % de cette production est destinée au repeuplement des rivières, 10 à 15 % sont exportés en vif, principalement pour la région Est, en Alsace notamment et en Allemagne où la carpe y est très prisée. Une partie est réservée pour la pêche sportive.
En pays brennou, les frites de carpes symbolisent le goût pour ce poisson d’étang. Cette recette locale présente à de nombreuse tables de restaurant ne suffit pas pour autant à pérenniser la filière. Il faut compter aussi avec la transformation qui représente 15 à 20 % du total de la pêche. En Brenne deux entreprises, Fisch Brenne et Reflet de Brenne, élaborent des produits à base de poissons (rillettes, terrines etc.)
Ces activités montrent l’existence d’un dynamisme réel au sein d’une filière qui a néanmoins besoin de se consolider.
« L’enjeu est le développement de la consommation de poisson d’eau douce », rappelle Bérangère.
Très concrètement, il s’agit d’œuvrer pour soutenir les acteurs. En Brenne, une dizaine de pisciculteurs gèrent les étangs tout au long de l’année. Période d’ empoissonnement, de surveillance et d’entretien se succèdent pour assurer une bonne production. Il s’agit d’aider en particulier les producteurs à surmonter les diverses difficultés : contraintes réglementaires, climat, concurrence etc qui conduisent un certain nombre de pisciculteurs à cesser une activité, physique, exigeante et souvent peu rentable. « La profession est confrontée à une baisse importante du volume de poissons pêchés. Malgré un récent regain, nous sommes passés en quelques années de 1200 tonnes à 800 tonnes. La présence des cormorans en étant une des raisons principales, explique Joël Deloche, président du SETB. Ce qui oblige à retirer tous les poissons des étangs, entraînant une augmentation des manipulations. »

Cette photographie professionnelle représente un cormoran noir à fière allure sur fond flou d'un étang.
Le cormoran : l’ennemi des pisciculteurs

Conforter la filière pisciculture exige donc une multitude d’interventions aboutissant à une meilleure reconnaissance des métiers qui la composent.« C’est le sens des actions que nous menons », souligne Bérangère. Une démarche qui vise à renforcer la cohésion de la filière, à accompagner les acteurs, pour mieux combattre les espèces invasives par exemple, et par l’attribution d’aides financières.
Le classement, l’an dernier des savoirs, savoirs faire et pratiques sociales lés à la pisciculture dans les étangs de la Brenne, à l’inventaire national du Patrimoine Culturel Immatériel sous l’égide de l’UNESCO, a de quoi donner confiance.
« Nous pensons que ce classement est de nature à renforcer la reconnaissance des savoir-faire uniques, pratiqués depuis des temps immémoriaux, lesquels ont forgé l’originalité de la société brennouse et de son paysage. » a déclare Joël Deloche,
De quoi inciter à monter des projets. «  Nous réfléchissons à la création, en Brenne d’une route du poisson et du fromage, qui unirait des produits phares du territoire », explique Bérangère Bourdon.
La pérennisation de la pêche d’étang est donc bien plus que le maintien d’une animation folklorique. Elle pose la question du développement d’exploitations agricoles au service de la vie économique, écologique et culturelle d’une région.
Dans l’immédiat, la popularisation de la filière passe par sa présence dans différents événements. Ce fut le cas les 18, 19 et 20 novembre au salon de gastronomie de Châteauroux.
Et bien sûr par la poursuite des animations rapprochant public et professionnels, au bord des étangs.
Le calendrier des prochaines visites commentées est disponible sur le site du PNR et dans les bureaux de Destination-Brenne. Parmi les dates à retenir :
Étang Barineau à Rosnay le 24 novembre ; Mézières-en-Brenne le 3 décembre, Migné le 16 décembre.

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