
La médiathèque d’Azay-le-Ferron accueille jusqu’au 2 novembre « Manières d’être vivants », une exposition de photographies de Louise Cazy. Elles ont été réalisées lors d’une série de dix rencontres artistiques organisées entre septembre 2021 et juin 2022. Elles réunissaient six résidents du foyer accueil médicalisé de l’ADAPEI 36 de Châteauroux et quatre danseurs amateurs, autour de Louise Cazy danseuse, chorégraphe et de la plasticienne An’Do Tissier.
Ces images portent témoignage des activités menées par le groupe. L’oeil de la photographe a capté les participants en mouvement, lors du cours de l’atelier danse. Ils sont aussi saisis, durant les travaux de l’atelier d’art. Leur gestuelle pendant les manipulations de branches d’arbre ou le modelage de l’argile est restituée avec beaucoup de sensualité.
Au terme de ce programme, les résidents du foyer ont exprimé leur satisfaction. Comme le confirment les propos recueillis par Ymane Nouh.

« Le travail corporel avec aussi la musique, les pas et le fait de pouvoir faire quelque chose, participer, être dans une bulle. C’est une bulle de voyage avec la mer, les vagues quand on bouge les bras, quand on bouge le corps et quand on bouge aussi les pieds », explique Serge, qui se dit même étonné d’effectuer un certain nombre de gestes. « Ça a été une surprise pour moi. Me mettre accroupi, toucher le pied, tirer les bras, me relever par en haut comme ça, me redresser, lever la tête, lever les bras… faire bouger tout le corps pour aller jusqu’à l’étirement des bras, des muscles. »
De la même façon, Bénédicte exprime le plaisir de réaliser quelque chose de nouveau. « Le premier jour j’ai pas réussi à aller au sol car j’avais peur de pas me relever et le jour où j’ai été au sol j’étais heureuse. »
Se mouvoir dans l’espace, danser ensemble a créé du plaisir. « J’ai aimé danser avec tout le monde » a confié Sylvette, tout comme Serge qui n’avait pour sa part, jamais dansé, ou Delphine enchantée par cette expérience « J’ai bien profité de la danse, j’aimerais continuer avec toi, et puis j’ai bien dansé les pieds comme ça et les mains, et puis aussi là-bas la terre. »

La Terre, les arbres comme des moyens d’aller à sa propre rencontre, et à celle des autres. Les résidents du foyer se sont réjouit de leur contact.
Lorsque l’on a demandé à Sylvette ce qu’elle avait aimé dans l’atelier d’An’Do elle a répondu « Quand on était dehors on a touché un arbre. » Un avis partagé par Bénédicte « J’ai aimé quand on était dans la nature avec les arbres. »
Serge confirme ce ressenti
« Ça m’a apporté pleins de choses, notamment sur l’arbre, le tronc, la forêt, les feuilles, et j’ai appris des choses sur l’arbre que l’on reprenait en dansant avec la musique. »
Les résidents ont été conquis par le projet. C’est ce que résume Bénédicte, avec une appréciation sur Louise Cazy, qui semble en dire long sur la qualité des rapports établis entre elle et la danseuse.
« Je me suis demandée danse inclusive c’est quoi, on fait quoi? J’ai dit je vais essayer mais si je réussis pas j’arrête. J’ai essayé, j’ai réussi, j’ai continué. Si c’est Louise je refais, si c’est quelqu’un d’autre je fais pas. »

Un tel accueil a de quoi satisfaire Louise Cazy et le collectif Mondo qui initient ces programmes de danse inclusive. « Le principe est d’ouvrir la danse à tout le monde sans distinction, quelle que soit la situation sociale, l’origine, le niveau de handicap, ou l’âge. Elle permet à tout un chacun de découvrir son corps, de s’ouvrir à l’autre. Ça nous fait bouger, c’est un retour à l’humain », explique Louise.
Dans un monde où la violence, l’individualisme, le rejet des différences semblent gagner du terrain, le travail du collectif Mondo apporte une bouffée d’air pur, ouvre le champ des possibles en offrant une expression artistique et un espace de création, aux femmes et aux hommes de toutes conditions.
Au cours des prochains mois, des rendez-vous sont d’ores et déjà programmés.
L’exposition Photo « Manières d’être vivants » sera présentée conjointement à l’oeuvre « Les irremplaçables » de An’do Tissier à la médiathèque de Châteauroux du 4 au 28 février, puis à l’atelier de La Poissonnerie à Châteauroux du 4 mars au 2 avril.
Un atelier danse sera ouvert un samedi par mois à la MLC Belle Isle à Châteauroux.
Un projet Boléro de Ravel avec Eric Languet, verra le jour, interprété par des danseurs avec ou sans handicap. La présentation publique aura lieu le samedi 28 janvier à MLC Belle Isle.