Armelle, la conteuse Rom et Peppo, le musicien voyageur feront étape au festival de Vassivière du 21 au 25 août. Ils conteront l’épopée tzigane. Un récit de cinq heures présenté en cinq fois une heure. Ce spectacle joué dans la Creuse voisine marquera un temps fort d’une saison riche en rencontres. Le couple donnera d’autres rendez-vous, et notamment le 23 juillet, chez eux en Brenne, où ils ont élu domicile depuis quelques années.
L’ambition est grande, à la mesure de l’amour qu’Armelle et Peppo portent à leur peuple. Il faut, à n’en pas douter, une sacrée dose de passion pour décider de relater de la sorte, cette histoire : celle des tziganes, entre mythes, légendes et réalité, de leur trajectoire, à travers les âges, nomades de tous temps, victimes de persécutions, souffrant souvent, encore aujourd’hui, d’une mauvaise réputation. « Descendants des Dieux, nous les tziganes, avons fait le tour de la Terre. Nous avons traversé les guerres et nous sommes toujours là. » clament-ils.
Alors, c’est par le conte qu’ils transmettent la mémoire. Le conte, expression artistique par nature porteuse de rêve, d’évasion et d’imaginaire donne à voir et à comprendre la tradition tzigane, mais bien plus encore. Il interpelle chaque individu, parce qu’il touche à une dimension universelle. « Depuis la nuit des temps, les hommes ont migré et nous sommes toutes et tous le produit de ces voyages .» Le rappel n’est pas superflu. Il éclaire sur la manière dont s’est construite la civilisation humaine et invite à remettre à leur juste place, ces familles qui mènent leur vie au rythme de leur déplacement. Armelle et Peppo sont de ceux-là. Ils bougent pour mieux se raconter. En couple sur scène comme « à la ville », la construction de leurs spectacles résulte d’un échange permanent, issu de leur complicité au quotidien. « Nous nous accordons sur la ligne directrice de nos spectacles, puis plus en détail. Progressivement, nous faisons nôtre, le déroulement d’un récit, très peu écrit. Et puis nous laissons une part importante à l’improvisation », explique Armelle. D’autant que musique et parole s’inspirent mutuellement pour narrer leurs histoires. Des histoires servies par la poésie et l’humour, qui parlent de la vie des hommes, des rapports tissés entre eux, mêlant le sens du partage et de l’amour mais aussi de la défiance.
Durant des années, ils ont sillonné la France et l’Europe en roulotte (une, puis deux avec la venue des enfants), présentant leurs spectacles au hasard de leurs rencontres, dans les médiathèques, les écoles, les maisons de quartiers, les lieux associatifs. Jusqu’à ce jour d’été 2007, où ils firent halte au Festival de Vassivière. Le succès obtenu à la journée réservée au public de professionnels, changea leur existence. Les contacts pris après leur prestation ont amené des contrats pour des horizons plus lointains. « Les avions et les trains ont remplacé les roulottes », souligne Peppo, le sourire aux lèvres. Dès lors, ils iront à la rencontre de nouveaux publics : ceux des territoires d’outre-mer, notamment de la Guyane et de la Nouvelle-Calédonie, de plusieurs pays africains francophones comme le Burkina Faso et aussi de la Grèce, du Liban ou de l’Angleterre.
La découverte d’un ailleurs, toujours et encore, les conduisit il y a quatre ans, dans la Brenne. Ce fut un véritable coup de coeur. « Nous avons été séduit par tout ce qui fait la vie ici. La beauté de la nature, sa sérénité, le rapport avec les gens », se réjouissent-ils. Rapidement adaptés, ils n’ont pas tardé à participer à la vie culturelle locale. Ils sont ainsi, conseillers artistiques au festival de contes, annuel : la clé dans le sac. Ils ont donc déposé leurs sacs, au Grand Aslon (lieu-dit situé entre Saint-Michel-en-Brenne et Douadic), et créé un lieu d’expression artistique. Une grange a été aménagée en salle de spectacles. C’est là que sera présenté le 23 juillet le festival« Noces de paroles ». Les conteuses et conteurs s’y succéderont dès le matin et jusqu’au bout de la nuit. Une façon d’affirmer que voyage, ancrage et partage font bon ménage.